Lorsqu’enfant, je randonnais avec mon père, parfois avec ces amis, je me sentais seule. Bien qu’enchantée et chanceuse de ces expériences que celui-ci m’offrait, mon âme d’enfant avait besoin
de compagnie à la hauteur de cette petite fille que j’étais.
J’avais soif de fantastique et de féérie. J’avais un ami imaginaire qui me suivait partout. Il s’agissait d’un lynx. Le poils gris, parsemé de blanc, il était très grand, parfois très furtif,
visible qu’à mes yeux seulement. Nul autre ne pouvait le voir, ni lui parler, ni être conscient de sa présence. Il marchait toujours à ma droite, légèrement derrière moi, parfois sur le
sommet des arbres, parfois derrière mes talons. Nous conversions tout du long.
J’aimais ces longues conversations, je souhaitais qu’elles ne s’arrêtent jamais. Elles m’aidaient à faire le point, elles répondaient à mes nombreuses questions d’enfant curieuse des mystères
de la vie.
Il était mon jardin secret, mon soutien, mon confident, mon grand sage. Il n’avait pas de nom, je le nommais « lynx ». C’est tout et c’était suffisant.
Aujourd’hui, j’ai toujours cet appétit de féérie, lorsque je balade, que j’admire une fleur, un ruisseau, lorsque je regarde le ciel, les nuages, les étoiles. Je me sens en communion parfaite
avec ces éléments.