L’idée ne fut pas des meilleures, le vent était aussi de la partie, la descente serpentait de manière assez raide, le poids mon sac alourdissait mes pas, mes genoux fatiguaient et mes orteils
se heurtaient au bout des chaussures. Je commençais à avoir mal, je me trouvais un bout de rocher pour casser la croute, appréciant la distance qui me restait encore à parcourir. Je croisais
un groupe de quatre jeunes randonneurs qui me dépassèrent avec 4 conventionnels « bonjour » et un « bon appétit ».
Je me souvenais, en les observant, de ma forme et de mon enthousiasme, lorsque j’étais plus jeune. Rien ne pouvait guère m’arrêter. Des peurs, je n’en avais quasiment pas, la fatigue, je la
surmontais avec la fierté de cette jeunesse qui croit fermement en ses capacités corporelles. Ce n’est plus le cas.
On a beau dire, si l’esprit, bien que de plus en plus encombré de barrières en tous genre, sait rester « jeune », le corps rappelle douloureusement, qu’il a de la bouteille.
J’affiche désormais à son propos beaucoup moins d’assurance. Le constat qu’aucun retour en arrière n’est possible, s’impose à moi. C’est assez perturbant, cette impression d’avoir 25 ans dans
la tête, et un corps qui en a le double. La tête veut, le corps lui ralenti, se veut plus précautionneux, plus hésitant, plus lent.
Jeune maman, je portais mon fils sur mon dos, lorsque son père n’était pas là, avec en plus, bien évidemment l’eau, le pique-nique, les vêtements, changes et autres doudous. Il avait fait sa
première randonnée dans les Pyrénées à l’âge de 3 mois, dans le sac kangourou. Désormais, c’est lui qui m’attend, me soutien, me tend la main sur les passages difficiles.